Nombre d’intervenants de terrain, principalement dans le réseau scolaire, ont eu vent de la soi-disant circulation d’une drogue très dangereuse maquillée en bonbons et offerte aux enfants dans les écoles belges : la drogue « strawberry quick ». Eurotox, n’a pas immédiatement réagi sur ce sujet, alors qu’elle aurait pu le faire. Cela appelle une explication.
Dans le cas bien précis où une telle rumeur viendrait à circuler à nouveau dans les écoles, il serait souhaitable d’en prendre la mesure à temps, et éventuellement de couper court à cette rumeur. Cela appelle une proposition.
NOTRE REACTION SUR LE HOAX STRAWBERRY QUICK, ET SES LIMITES
La question a été d’emblée « faut-il envoyer une « alerte précoce » sur le Strawberry Quick » ? La réponse à court terme fut « non », car le canal Alerte précoce – Early Warning System sert à communiquer rapidement en cas de circulation de nouveau produit ou de nouveau mode de consommation entraînant des risques accrus pour les consommateurs. Rien de tel ici, puisqu’il n’y avait même pas de produit. Cela dit, une fois prise la mesure de l’ampleur de la rumeur et de ses dégâts (fantasmes, peur, etc.), il est apparu après concertation de nos partenaires qu’il serait bon dorénavant en pareil cas de tordre le cou à des rumeurs si elles sont galopantes et si elles sont nuisibles aux interventions et aux intervenants du réseau assuétudes qui est le nôtre. Or, dans ce cas-ci, l’entretien de la peur et des légendes urbaines n’est pas de nature à favoriser sur le moyen ou le long terme l’approche sereine, accompagnatrice (et pas sécuritaire et urgente), qui est la nôtre, nous semble-t-il.
En fait la difficulté, c’est de ne pas créer nous-mêmes de fantasme ou de vent de panique sur une rumeur isolée. Et la difficulté connexe, c’est de savoir si une rumeur est isolée ou pas. Nous avons déjà eu à traiter, ainsi, dans la boîte mail d’Eurotox, des rumeurs sur du chocolat aux champignons psylocybes ou encore sur les « funk pills », soi-disant alternatives légales à l’ecstasy, soi-disant inclus dans des programmes de réductions des risques dans de nombreux pays… !
En général, nous lançons un message à un Yahoo Group sur les tendances émergentes animé par Eurotox pour vérifier : 1) Si l’information est scientifique, ou une simple rumeur, ou même un « hoax » 2) En cas de rumeur, l’ampleur de cette rumeur, et quel peut en être le danger (et donc s’il faut réagir via le canal EWS).
Dernière difficulté : nous sommes installés dans le réseau « drogues », et pas dans le réseau « écoles ». Quand une rumeur circule dans les écoles, nous avons du mal à en vérifier l’ampleur, sauf quand notre ministre (madame Fonck, qui a aussi la jeunesse dans ses attributions) nous informe d’un vent de panique (exemple pour le sniff de gaz butane).
C’est donc pour ça que la nécessité d’informer ne trouve qu’une application complexe : nous ne voulons pas créer de « peur du loup » quand il n’y a pas de loup ; nous ne voulons pas dénaturer le canal « EWS » pour ne pas lui faire perdre de la crédibilité (le jour où un réel produit, réellement dangereux, réellement inconnu, se présente et se met à circuler).
PROPOSITION POUR LE FUTUR
Notre position ayant montré ses limites, pour ne plus passer à côté du cas exceptionnel où une rumeur « hors réseau assuétudes » (écoles) prend une ampleur que nous ne « voyons » pas, Eurotox s’est proposé de:
- Contacter les fédérations de parents en cas de rumeur future concernant les écoles, pour leur envoyer une note déconstruisant la rumeur et prendre la mesure de l’ampleur du phénomène.
- En faire de même avec les « Points d’appui » mis en place dans les CLPS, qui sont en principe les référents des divers bassins scolaires en termes de prévention des assuétudes.
De la sorte, même si il ne faut pas envoyer d’alerte précoce au sens strict, on contribuera à casser les fantasmes qui ne manquent pas d’entretenir la peur et l’ignorance, ainsi qu’une approche très sécuritaire et trop souvent inefficace des assuétudes.