Prévention et réduction des risques liés à l’alcool

L’alcool est une des drogues les plus toxiques pour l’organisme mais également l’une des plus consommées en Europe occidentale. Parce qu’il bénéficie d’une désidérabilité sociale et d’un ancrage culturel forts, l’on a tendance à oublier que l’alcool peut être à l’origine de nombreux maux psychologiques, sociaux et sanitaires.

Ce livret a pour objectif d’aborder les bonnes pratiques de prévention et de réduction des risques liés à la consommation d’alcool, c’est-à-dire les pratiques qui reposent sur des preuves scientifiques ou un consensus d’expert·es reposant sur l’expérience de terrain.

Qu’entend-on par « bonnes pratiques » ?

En Union Européenne, pour des raisons politiques mais aussi économiques, la référence aux bonnes pratiques, reposant sur des critères de qualité et sur des normes minimales, est de plus en plus encouragée. Celles-ci rencontrent la volonté de la communauté scientifique internationale de définir les politiques des drogues en fonction de connaissances scientifiques. Néanmoins, les bonnes pratiques ne doivent pas être considérées comme des recettes à appliquer aveuglément et sans discernement.

Le partage de bonnes pratiques, de leurs principes et de leurs stratégies, est important pour améliorer la connaissance, la compréhension de la prévention et de la réduction des risques, et pour soutenir les actions de terrain.

Bibliothèque interactive

Vous retrouverez ci-dessous différentes évaluations, guidelines, études, etc. ainsi que quelques mots introductifs par chapitre. Afin de faciliter votre recherche, ils ont été classés par sections et vous y accédez par le menu déroulant représenté par Open

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1. Alcool, santé et société

1.1. Alcool et environnement socioculturel

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L’environnement socioculturel influence directement, sans être unilatéral et déterministe, les croyances individuelles relatives à l’alcool, la disponibilité de celui-ci, et donc sa désirabilité sociale et le niveau de consommation. Les discours et représentations largement diffusés et partagés au sein de la société belge sculptent notamment la tolérance générale vis-à-vis de la consommation d’alcool, les attentes en termes d’effets (désinhibition, excitation sexuelle, détente, plaisir, courage, etc.) et les comportements de pression à la consommation.

En Occident, cet environnement socioculturel historiquement favorable à la disponibilité de l’alcool et la désirabilité de sa consommation, agrémenté du poids économique de l’industrie alcoolière, tend à complexifier la mise en place de politiques de santé publique efficaces, qui viseraient la réduction des risques et effets négatifs liés à la consommation d’alcool.

1.2. Inégalités sociales de santé et usage (problématique) d’alcool

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De manière générale, chaque individu est exposé à un ensemble de facteurs de risque et de protection, endogènes et exogènes, qui entrent en interaction et peuvent accentuer ou diminuer le niveau de consommation d’alcool et le risque de développer un usage problématique. Or ces facteurs, et les ressources pour contrebalancer le poids des facteurs de risque, sont inégalement répartis en sein de la population. Dès lors, les risques et conséquences sociales, pénales et sanitaires liées à l’usage d’alcool ou l’usage problématique d’alcool sont distribués différemment selon le statut socio-économique des individu.

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1.3. Classification des usages et normes de consommation

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En Belgique, les acteurs de première ligne se sont souvent basés sur les seuils de consommation recommandés par la Société française d’alcoologie, à savoir ne pas dépasser 21 verres standards par semaine pour les hommes et 14 pour les femmes, avec au minimum un jour d’abstinence hebdomadaire. Mais depuis 2018, suite à de nouvelles recherches établissant un risque de cancer avec des quantités inférireures à ces seuils, le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) préconise de nouveaux seuils de consommation revus à la baisse. Il recommande de ne pas dépasser 10 unités standards d’alcool réparties sur la semaine, avec des jours sans alcool. Le CSS rappelle que certains groupes de la population ne doivent pas consommer d’alcool : par exemple, les jeunes de moins de 18 ans, ainsi que les femmes allaitantes, enceintes ou souhaitant le devenir.

1.4. Panorama et analyse des tendances en matière de consommation d’alcool dans le monde et en Belgique

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Sources de données relatives à la consommation d’alcool en Belgique :

1.5. Les conséquences sanitaires et sociales de la consommation d’alcool

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La consommation d’alcool peut procurer du plaisir et répondre à un certain nombre de fonctions sociales, physiques et psychologiques. La consommation simple ou ponctuelle, et surtout la consommation abusive, peuvent cependant avoir des conséquences négatives, non seulement sur le plan de la santé physique et mentale, mais également en termes de sécurité publique et de vie sociale et affective.

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2. Stratégies et politiques « alcool » au niveau international et belge

2.1. Plans stratégiques existants en matière de prévention et RdR au niveau international et belge

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2.2. Objectifs et standards de qualité en matière de prévention et RdR

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2.3. Stratégies et politiques belges

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La Belgique n’a plus de plan national alcool depuis 2013 et la ministre fédérale de la santé a finalement mis une fin aux négociations entre entité fédérale et entités fédérées en annonçant l’adoption d’une série de mesures axées sur la consommation problématique d’alcool. Cette initiative fédérale ne constitue pas en soi un « Plan national alcool » puisqu’aucun accord politique n’a été trouvé.

Les mesures annoncées par la ministre fédérale sont notamment l’augmentation des accises, le renforcement des contrôles sur les distributeurs automatiques de boissons, la sensibilisation des prestataires de soins au sujet de l’alcool durant la grossesse, une surveillance publicitaire plus stricte, une clarification de la législation sur l’alcool pour les jeunes, et l’extension du projet-pilote « liaison alcool » dans les services d’urgence de huit hôpitaux. Pour diverses raisons, ces mesures ont été jugées inadéquates par certains ministres et parlementaires, et par plusieurs associations.

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3. Bonnes pratiques en matière de politiques publiques

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Les bonnes pratiques en matière de politiques publiques regroupent :

  • Réduire la disponibilité et l’accessibilité de l’alcool
  • Adopter et mettre en œuvre un plan national alcool
  • Taxation et politique de prix
  • Réguler le contexte de consommation
  • Réduire l’attractivité
  • Encadrer le lobbying alcoolier
  • Mesures liées à l’alcool au volant
  • Éducation et information publiques
  • Soutien à la recherche et évaluation des politiques publiques
  • Contrôle de l’application de la loi
  • Soutenir et financer la mise en place de dispositifs de prévention et réduction des risques

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4. Bonnes pratiques en matière de prévention et de RdR

4.1. Détection et intervention précoces

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La détection précoce d’une consommation problématique est une des clés de la prévention et de la réduction des risques. Pour cela, il existe plusieurs outils à destination des usager·es et des professionnel·les en contact avec eux·elles. Ces outils visent essentiellement à évaluer la consommation, à prévenir le développement d’une consommation problématique ou encore à réduire les risques liés à une consommation excessive ou problématique d’alcool.

Outils à l’attention des usager·es

Ressources à l’attention des intervenant·es de première ligne

4.2. Prévention de l’usage d’alcool au volant

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L’alcool altère, même en faible quantité, les capacités de conduite automobile, et est une cause relativement fréquente d’accidents. Il s’agit d’ailleurs d’une des principales causes d’insécurité routière. Selon certaines estimations, un quart des décès liés aux accidents de la circulation en Europe serait lié à l’alcool. Le risque d’accidents graves ou mortels est également fortement accru lorsque l’alcool est consommé en combinaison avec d’autres drogues ou des médicaments psychotropes. La conduite en état d’imprégnation alcoolique peut s’expliquer par différents facteurs dont l’influence varie en fonction des personnes et des contextes : mauvaise connaissance ou faible perception des risques, pression sociale à boire ou à reprendre le volant, faible activité ou faible visibilité policière, hyper-accessibilité des boissons alcoolisées, faible offre de transports en commun ou de transports alternatifs en soirée/nuit, etc. La prise en compte de l’ensemble de ces facteurs est nécessaire à la mise en place d’une politique cohérente et efficace en matière de sécurité routière.

Outils et ressources à destination des usager·es et des intervenant·es

Pour en savoir plus :

4.3. Prévention en milieu scolaire

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Selon les enquêtes relatives à la consommation d’alcool en Belgique francophone, les premières consommations de boissons alcoolisées surviennent généralement à l’adolescence, comme dans la plupart des pays occidentaux. Les jeunes consomment de l’alcool moins régulièrement que les adultes, mais lorsqu’ils en consomment, ils en boivent de plus grandes quantités et ont plus souvent recourt à des pratiques d’hyperalcoolisation telle que le binge drinking afin d’atteindre un état d’ivresse. Les jeunes de moins de 16 ans ne sont pas épargnés par ce phénomène, malgré l’interdit censé être d’application en Belgique.

Le secteur de l’enseignement est idéalement placé pour proposer des programmes d’information, de sensibilisation et de prévention relatifs à la consommation de drogues légales et illégales, dans la mesure où l’obligation scolaire permet de toucher quasiment tous les jeunes. L’école est également un environnement pouvant contribuer au repérage précoce des usages excessifs, à condition que ce repérage ne soit pas une occasion de stigmatiser ou de marginaliser les jeunes usager·es, et que l’intervention qui en découle soit proposée dans la bienveillance et le respect des choix des jeunes.

Exemples de programmes de prévention validés

Outils et ressources à destination des intervenant·es

Pour en savoir plus :

4.4. Prévention et RdR en milieu familial

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Les adultes en charge de l’éducation des enfants et adolescent·es, avec en première ligne les parents et la famille proche, leur transmettent de nombreuses pratiques et représentations, et ce, de manière explicite et implicite, intentionnelle et involontaire. Le rapport à l’alcool, à sa symbolique et à sa consommation en fait évidemment partie. Le chapitre se partage entre, d’une part, les bonnes pratiques visant à prévenir la consommation des jeunes personnes, et, d’autre part, celles visant à accompagner les familles dont un membre a une consommation problématique.

Outils à destination des parents :

Outils à destination des enfants et adolescent·es

Outils à l’attention des professionnel·les

Pour en savoir plus :

4.5. Prévention et RdR en milieu festif et en milieu étudiant

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La fréquentation des milieux festifs est généralement motivée par une recherche de divertissement, de cassure avec le quotidien, de socialisation ou de rencontre. Les boissons alcoolisées ainsi que d’autres substances psychoactives y sont grandement consommées, parfois de manière excessive, avec des conséquences potentiellement dommageables pour l’usager·e et pour autrui. Les dommages liés à l’usage d’alcool et de drogues sont maximisés par le contexte festif, qui favorise les excès et donc les comportements à risque ainsi que l’agressivité chez certaines personnes. Le contexte festif rend également les personnes plus insouciantes par rapport à leur propre santé. La mise en place de programmes de prévention et de réduction des risques en milieu festif est donc particulièrement pertinente et devrait être considérée comme une préoccupation importante de santé publique.

Outils et ressources à destination des intervenant·es :

Pour en savoir plus :

4.6. Prévention et RdR en milieu professionnel

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L’usage d’alcool (et de drogues de manière générale) en milieu professionnel mérite qu’on y porte attention, en premier lieu parce qu’il peut être à l’origine d’un ensemble de problèmes socio-sanitaires à court et long terme ; ensuite parce qu’il augmente les risques d’accidents et de blessures, d’absentéisme et de comportements inappropriés, et, de ce fait, peut avoir un coût économique considérable sur les employeur·ses, l’Etat et la société. En troisième lieu, il est de bon ton de rappeler que les employeur·ses ont des obligations légales en termes de protection et de garantie de la bonne santé et de la sécurité de leurs employé·es.

Analyser les risques

Outils spécifiques à certains métiers à risque

Guides pour les cadres et collègues

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4.7. Prévention et RdR en milieu sportif

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Le milieu sportif est un haut lieu de consommation et d’exposition à l’alcool. Aussi, et compte tenu des risques liés, il est largement recommandé de mettre en place des interventions visant à réduire la consommation excessive au sein du milieu sportif, et ce, afin de réduire le niveau de consommation et les dommages liés à l’alcool. Force est de constater, cependant, que relativement peu de dispositifs sont actuellement mis en place et qu’il existe peu de recherches scientifiques sur leur efficacité.

Pour en savoir plus :

4.8. Prévention et RdR en milieu pénitentiaire

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Les conditions ne sont pas rassemblées pour délivrer des messages de prévention et de réduction des risques. D’une part, le contexte de vie difficile et l’accès restreint aux soins de santé peuvent rendre de tels messages dérisoires aux yeux des personnes détenues. D’autre part, l’organisation et la bonne mise en œuvre de dispositifs de prévention et réduction des risques, à court ou long terme, peuvent être compromises par différents facteurs inhérents au milieu carcéral.

Le milieu carcéral est pourtant un lieu plein de potentiel, puisqu’il offre une opportunité de rencontre avec une population d’ordinaire peu couverte par les dispositifs de prévention et réduction des risques (et plus largement, de promotion de la santé).

Pour en savoir plus :

4.9. Prévention et RdR en milieu de la rue

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L’espace public (parcs, places, abords des bars, rues, squares, abords des établissements scolaires, etc.) est considéré par plusieurs publics comme un lieu de rencontre, de socialisation et accessoirement de consommation d’alcool. Notre attention se porte essentiellement sur les jeunes personnes et sur les personnes sans-abri.

Les jeunes personnes consommant dans l’espace public

Les personnes sans-abri consommant dans l’espace public

4.10. Prévention et RdR auprès des personnes âgées

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Alors que l’usage d’alcool chez les jeunes est régulièrement médiatisé, celui des plus âgé·es semble moins exploré, voire relever du tabou. Du point de vue des professionnel·les de santé, aborder la question de l’usage d’alcool avec une personne âgée peut être ressenti comme une intrusion ou un manque de respect au regard de son âge. Du côté de l’entourage, les attitudes de déni ou de résignation peuvent également freiner et retarder l’identification et la prise en charge des consommations à risque. D’où l’expression « d’épidémie cachée » pour décrire la consommation problématique d’alcool chez les personnes de plus de 60 ans.

De façon générale, la place occupée par la prévention des addictions dans la promotion de la santé des séniors est très faible.

Exemples de matériel d’information sur l’alcool et le vieillissement destiné au grand public, aux personnes âgées, à leur entourage ou aux professionnels

Pour en savoir plus

4.11. Prévention et RdR auprès des femmes enceintes et allaitantes

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La toxicité de l’alcool sur le développement du fœtus est aujourd’hui bien documentée : la consommation occasionnelle ou régulière d’alcool durant la grossesse peut occasionner une série de dommages sur tous les organes du fœtus, y compris sur le système nerveux central.

Exemples de guides « alcool et grossesse » élaborés à destination des professionnel·les de santé

Exemples de sites ou pages web dédiés à la thématique « alcool et grossesse »

Exemples de brochures, fiches d’information ou livrets axés sur la thématique « alcool et grossesse »

Pour en savoir plus

4.12. Prévention et RdR auprès des personnes racisées et des personnes migrantes

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Les personnes racisées et les personnes migrantes ont intrinsèquement les mêmes besoins que n’importe quel·le usager·e de substances psychoactives et leur présence au sein des groupes vulnérables à l’usage (problématique) de drogues ne semble pas découler de la culture ou l’origine mais plutôt de leurs expériences de l’exclusion sociale, des discriminations et de leurs impacts psychologiques.

Pour en savoir plus :

4.13. Prévention et RdR auprès des travailleuses et travailleurs du sexe

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Les travailleurs et travailleuses du sexe ont depuis longtemps développé des stratégies afin de réduire les risques liés à leurs activités professionnelles. L’environnement dans lequel ils·elles évoluent peut cependant être peu propice à leur bonne santé physique et mentale, et comporte des facteurs de risque en matière de consommation d’alcool. Compte tenu de cette configuration, il est central que les dispositifs de prévention et de réduction des risques s’intègrent dans une approche globale et intégrée, qui se saisisse de l’ensemble des problèmes et risques liés à la prostitution (soins, justice, lutte contre les discriminations, soutien parental, conditions de travail, soutien psychologique, logement, droits sociaux, etc.).

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4.14. Prévention et RdR auprès des personnes LGBTQI+

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La stigmatisation et les discriminations liées à une identité sexuelle et/ou genrée minoritaire affectent la santé des personnes LGBTQI+ à travers leur impact négatif sur les facteurs de risques liés à la santé générale et à l’usage d’alcool. Elles impactent en premier lieu leur santé mentale. Les niveaux de suicidalité, de dépression et d’usage problématique d’alcool sont plus élevés chez les jeunes LGBTQI+, en comparaison avec leurs pairs hétérosexuels et cisgenres. Les jeunes qui découvrent leur homosexualité ou leur bisexualité, par exemple, peuvent ressentir un sentiment d’indignité ou de honte, être confronté·es à des conflits familiaux, à des paroles et actes humiliants ou dégradants, se sentir angoissé·es, isolé·es ou encore menacé·es. Les phénomènes d’exclusion, de mépris, de stigmatisation et d’exposition à l’homophobie ou à la transphobie, en particulier à un jeune âge, peuvent conduire à une perte de l’estime de soi et de confiance envers les autres. L’ensemble de ces éléments sont susceptibles de contribuer à un état dépressif qui peut être associé à la consommation d’alcool et autres drogues.

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