Diminution de l’usage de cannabis chez les jeunes ?

Selon les résultats préliminaires de la dernière enquête HBSC, qui a évalué en 2010 les comportements de santé de plus de 7000 jeunes de 12-20 ans scolarisés en FWB, l’expérimentation de cannabis (« au moins une fois au cours de la vie ») est relativement stable depuis 1998. En revanche, on observe une diminution de l’usager régulier de cette substance, tant au niveau de l’usage hebdomadaire que de l’usage quotidien.

On peut à ce stade avancer plusieurs éléments d’explication pour rendre compte de cette baisse de la consommation régulière de cannabis, éléments qui ne sont évidemment pas mutuellement exclusifs.

Premièrement, il est possible que l’effet de mode (ou « aura attractive ») qui entourait ce produit ces dernières années soit actuellement en perte de vitesse et que les jeunes se rendent davantage compte de la dangerosité potentielle du produit. Il pourrait ainsi s’agir d’un effet positif des programmes de prévention. Pourtant, il faut signaler qu’une autre enquête réalisée au niveau européen montre que les jeunes belges de 15-24 ans considèrent être relativement peu informés sur les drogues, et ce par rapport aux autres pays européens. Le manque de moyens alloués à la prévention des assuétudes dans notre pays est d’ailleurs clairement objectivé dans le dernier rapport sur la politique des Drogues en chiffres, publié récemment par l’Université de Gand, ainsi que dans le rapport qu’Eurotox a publié récemment sur les Stratégies Concertées des intervenants du secteur de la prévention et de la réduction des risques liées à l’usage de drogues en FWB.

La deuxième explication pouvant rendre compte de la baisse de la consommation régulière de cannabis chez les jeunes pourrait se situer au niveau de la crise économique et de l’augmentation du prix d’achat du produit. Le prix du cannabis a effectivement augmenté ces dernières années, toute comme d’ailleurs le prix de l’ensemble des activités de la jeunesse (loisirs, sorties, etc.). Le manque de moyen des jeunes, qui dépendent encore financièrement de leurs parents, pourrait donc contribuer à les « détourner » d’une consommation régulière de ce produit.

La troisième explication, plus pessimiste, serait que les jeunes « à risque » se détourneraient du cannabis au profit d’autres substances, qu’elles soient légales ou illégales (alcool, drogues illégales, « legal highs »,…), ou d’autres types d’addictions (cyberdépendance, etc.). Néanmoins, cette enquête révèle par ailleurs que l’expérimentation, l’usage récent (i.e. durant la dernière année) et l’usage actuel (i.e. durant les 30 derniers jours) d’ecstasy sont également en diminution en 2010 par rapport aux années précédentes, tout comme l’usage régulier d’alcool. En outre, une autre étude révèle que l’expérimentation de legal highs est assez peu courante chez les jeunes. Ces données ne semblent donc pas plaider en faveur d’un « déplacement » des comportements à risques des jeunes vers d’autres substances que le cannabis.

Pour plus d’informations sur les études relatives à l’usage de drogues chez les jeunes, nous renvoyons le lecteur aux pages 34-38 de notre rapport 2011-2012 sur l’usage de drogues en FWB.

Quelques chiffres de l’enquête HBSC 2010 chez les jeunes de 12-20 ans

1998 2002 2006 2010
Cannabis
Prévalence vie 24,8% 26,7% 27,3% 24,7%
Prévalence 12 derniers mois / / 20,9% 17,0%
Prévalence 1 fois/semaine ou + 6,2% 8,5% 6,5% 5,0%
Prévalence 1 fois/jour ou + 2,7% 4,4% 3,1% 1,7%
Ecstasy
Prévalence vie 6,4% 5,3% 3,7% 2,7%
Prévalence 12 derniers mois / / 2,9% 1,9%
Prévalence 30 derniers jours 1,6% / 1,7% 1,1%
Alcool
Prévalence 1 fois/semaine ou + 24,1% 27,0% 27,4% 23,3%

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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